LE CANON DE CAMPAGNE DE 75 - TECHNIQUE
L'immobilité totale de l'affut est obtenue par un frein de roues à abatage planté dans le sol sous chaque roue et par une bêche ancrée dans le sol à l'arrière.
Enfin un bloc de culasse à vis excentrée permettait d'ouvrir et de fermer la culasse trés rapidement. Naturellement les éléments du canon furent conçus pour être interchangeables, afin de faciliter la fabrication et la maintenance.
Canon de 75 :
L'écouvillon et le refouloir servent à extraire les cartouches et douilles qui n'auraient pas pu être retirées par l'extracteur. S'il s'agit d'une douille il faut assembler l'écouvillon et le refouloir. Ils ne devaient être maniés que par le tireur.
Caisson à munitions de 72 cartouches:
Débouchoirs permettant de régler le tir fusant modèle 1897: il comporte notamment un cadran mobile gradué en distance (0 à 6900m) et un secteur de correcteur gradué (de 0 à 40 millièmes)
Vis de Culasse: Dotée de trois filetages extérieurs et trois rainures correspondantes. La manivelle et la poignée permettent l'ouverture de la culasse. Le linguet bloque la culasse en position fermée. De plus le départ du coup ne peut avoir lieu que culasse fermée grâce à l'excentricité de l'axe du percuteur et l'axe de la chambre.
Culasse et extracteur: À la fin d'ouverture de la culasse, la rampe d'éjection située en avant sur la culasse vient heurter la rampe du talon de l'extracteur, et les deux branches de l'extracteur éjectent l'étui. De même, lors de l'introduction de la cartouche suivante, le bourrelet de la douille appuie sur l'extracteur et provoque un début de fermeture de culasse.
Mécanisme de mise à feu: On doit tirer sur la poignée tire-feu en arrière et légèrement vers le bas jusqu'à l'arrêt du mouvement (en évitant de la ramener vers soi), puis la lâcher brusquement pour faire partir le coup
Lors du tir, le canon repose sur un patin à soc sous chaque roue (frein de roues à abattage, relevé pour la route ou abattu pour le tir) et sur la bêche de crosse à l'arrière.
Pointage: On peut pointer en direction (volant de pointage en direction, coté gauche) et en hauteur (volant de pointage en hauteur, coté gauche). Une hausse indépendante (volant de hausse coté droit) permet de déplacer le frein par rapport au berceau, ce qui permet de modifier l'angle du tube sans modifier le pointage en hauteur, le tir s'avère ainsi plus rapide et plus précis.
Un support de pointage permet de déplacer l'appareil de pointage et l'appareil des angles de site respectivement en direction (via un tambour des dérives gradué de 0 à 200 millièmes) et en hauteur (via un disque gradué de 5 en 5 millièmes de -100 à +100 millièmes, et qui entraîne le mouvement vertical d'un porte niveau).
Un appareil de pointage permet le pointage précis du canon. Il est composé d'une colonne portant un colimateur (avec une ligne de foi horizontale et une verticale) et d'un pied de colonne avec plateau gradué et divisé en quatre plateaux de 1600 millièmes. Il peut recevoir une rallonge pour pointer par dessus le bouclier.
Le niveau modèle 1901, fixé sur le porte niveau, donne la référence de l'horizontale grâce à un niveau à bulle. c'est grâce à celui-ci que l'on peut pointer en hauteur.
Le niveau de pointage modèle 1888-1900: Il prend place sur plaquettes en maillechort de la bouche à feu, permet de mesurer trés précisément l'angle de pointage vertical du canon. Amovible, le pointeur porte le niveau de pointage au ceinturon lors des tirs, afin de le protéger des chocs.
Pour le tir fusant, une fusée comportait dans sa tête une mêche de poudre en colimaçon dont la combustion permettait d'assurer le retard de l'explosion. Le débouchoir avait pour rôle de sectionner cette mêche de façon à régler ce retard.
Obus explosif modèle 1897: Cet obus était en fonte à paroi épaisse, avec une charge explosive limitée. Fusante, on pouvait régler le délai d'explosion jusqu'à 24 secondes. Percutante en même temps la fusée faisait aussi exploser l'obus à l'impact.
Obus explosif modèle 1900: En acier avec des parois plus fines, doté d'un explosif plus puissant, la mélinite, les éclats projetés sont plus nombreux et plus meurtriers. De nouveaux modèles de fusées voient le jour, fonctionnant à l'impact, ou en mode court-retard qui permettait à l'obus de pénétrer dans le sol avant d'exploser. Certains obus dits de réglages avaient une petite quantité de produits fumigènes à l'arrière et laissaient une fumée blanche sur la trajectoire de l'obus, ce qui facilitait le réglage du tir.
Une plaquette de freinage aérodynamique Malandrin pouvait être fixée sur l'obus, afin de tirer sur des objectifs défilés en modifiant la courbure de la trajectoire et en diminuant la portée. Cela produisait hélas une dispersion assez importante, et ce procédé sera abandonné sans rémission durant la grande guerre (remplacé par les cartouches à charge réduite ou des obus fusant).
Obus à balles dit Shrapnel: Utilisé en tir fusant, l'obus à balles explosait vers 30m au dessus du sol, en envoyant des centaines de petites balles sur l'adversaire. À la vitesse restante de l'obus sur sa trajectoire s'ajoutait la vitesse des balles.
L'obus M (mélangé) de 1897 avait des parois en acier trés mince, contenait 290 balles en plomb durci à l'antimoine de 12g chacune mélangées à de la poudre noire (440g). Obus peint en blanc, portée 8500m. En 1911 on sortit un obus M pour la défense anti aérienne, chargé de 240 balles, et ayant un retard avant explosion de 40 secondes maximum.
L'obus A (arrière) de 1897 avait des parois en acier trés mince, contenait 261 balles en plomb durci à l'antimoine de 12g chacune, mais la charge propulsive de 110g de poudre noire était placée en arrière, derrière un diaphragme métallique.
Au cours de la grande guerre, de nombreux autres cartouches pour 75 furent développées, notamment des obus fumigènes (pour masquer la vue à l'adversaire), éclairants, incendiaires, toxiques, perforants, etc.
Munitionnettes chargeant des balles de shrapnell dans un obus fusant de 75 au cours de la grande guerre: