LES GRANDES MANŒUVRES

L'infanterie conquiert et conserve le terrain. Elle chasse définitivement l'ennemi de ses positions. C'est à elle qu'incombe la tache la plus rude mais aussi la plus glorieuse de la bataille - Réglement sur le service en campagne art.134

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Aprés l'école du soldat, où le soldat apprenait ce qu'il doit savoir pour manoeuvrer et combattre, et l'école de section, où on apprenait les mouvements d'ensemble, les manoeuvres de garnison devaient compléter l'instruction en terrain varié des unités de différentes armes, et de préparer les bataillons, escadrons et batteries à leur rôle durant les manoeuvres d'automne, ou grandes manoeuvres, qui sont le couronnement de la période annuelle d'instruction. Ces grandes manoeuvres avaient pour but d'exercer les troupes à la guerre, dans des conditions se rapprochant de la réalité. Elles commençaient la première quinzaine de septembre.

On devait y simuler les mouvements hors de vues de l'ennemi, des marches d'approches, des déploiements, des attaques, poursuites, retraites... Les manoeuvres pouvaient être à simple action quand l'ennemi n'était que figuré, ou à double actions quand on fait agir deux partis. Des arbitres devaient trancher les questions douteuses et éviter toute invraisemblance dans les opérations. 


Marches: Une bonne troupe, surtout à cette époque, devait savoir exécuter de longues marches par tout temps, de jours comme de nuit, avec tout l'équipement (en tout à peu prés 27kg). Les cadres donnaient leurs ordres à la voix, au geste, parfois au sifflet (les sonneries n'étaient plus guère employées). Le commandement préparatoire definit le mouvement à exécuter, est suivi du commandement d'exécution (e.g. demi-tour - DROITE)

Signification des coups de sifflets:

La formation de route habituelle était la colonne par 4, formée de fractions de huits hommes sur deux rangs placées les une derrières les autres. On utilisait exceptionnellement la colonne par deux ou par un. Ce dispositif était conservé quand on redoutait peu l'ennemi et qu'il ne s'agissait que de cheminer. On marchait sur le coté droit de la route, et les compagnies ont entre elles une légère distance pour éviter les à-coups.

S'il fait trés chaud on pouvait ouvrir les rangs pour laisser circuler l'air: 2 rangs à droite, 2 rangs à gauche. Si la colonne doit marcher massée, elle se forme par huit hommes de front.

La vitesse normale de marche est de 4 km/h, y compris 10 minutes de halte horaire. Quand une marche devait dépasser 25km, on faisait généralement une grand'halte d'une heure aux 2/3 du parcours.

Grand'Halte - on boit du café:

Garde du drapeau durant la halte:

Soldats bouviers suivant les armées en manoeuvres:



Stationnement: L'infanterie pouvait bivouaquer, mais aussi cantonner chez l'habitant, ce qui se faisait lors des grandes manoeuvres. Dans ce cas l'habitant était dédommagé. On mettait en place des avant-postes pour couvrir le bivouac ou le cantonnement.

Le billet de logement et le vaguemestre- Supplément illustré du petit journal 23 septembre 1893

Le billet de logement

Le vaguemestre

Pendant longtemps les soldats bivouaquaient à la belle-étoile. En 1914 une tente abri était prévue dans l'équipement du fantassin

En campagne les autorités militaires avaient des fanions et lanternes destinés à signaler leur emplacement de jour comme de nuit, symboles utilisés aussi au bivouac, cantonnement et lors des grandes manoeuvres:


Marches prés du front: On adoptait des formations trés souples s'adaptant au terrain. On n'apprenait aux recrues que les formations indispensables à la manoeuvre et au combat. A proximité de l'ennemi on fractionne les corps en colonnes et lignes échelonnées, dans le sens de la largeur comme de la profondeur, pour éviter les pertes et pouvoir faire face au besoin dans n'importe quelle direction. Plus on se rapproche du feu plus l'infanterie devait se former en petites colonnes. 

Naturellement les communications sont essentielle, et les chefs des divers éléments se relient au chef de l'ensemble par bicyclistes, coureurs, signaux à bras, etc. Les éléments voisins se relient entre eux pour se transmettre les renseignements et coordonner leurs mouvements.

La sureté est un élément essentiel. Une troupe d'infanterie marchant est généralement accompagnée de cavalerie pour l'éclairer, d'artillerie pour l'appuyer au besoin, et place des sections en avant-garde, arrière-garde et flanc-garde pour éviter les surprises. Ces fractions de sureté se couvrent elle même, et ont des patrouilles pour fouiller les couverts. Les avants-garde et arrière garde marchent comme le gros, les flancs-garde peuvent stationner pour couvrir une colonne défilant à sa hauteur.


Combats: On prenait parfois la formation en ligne, pour avoir le maximum de fusils disponibles, mais pour le combat il était préconisé des tirailleurs en groupes irrégulièrement répartis sur le front de combat et s'insinuant de couvert à couvert, et progresser ainsi sous le feu de l'artillerie. Le but ultime était la charge. 

Infanterie en ligne:

Dans la doctrine française, l'artillerie appuie l'infanterie, pour notamment faire cesser le feu ennemi et lancer l'attaque. L'infanterie doit arriver au corps à corps, qui seul peut mettre l'adversaire hors de cause. Les manuels d'époque parlent encore de la Furia Francese, et l'escrime à la baïonnette était enseignée plus que jamais.

Le président Raymond Poincarré aux manœuvres de 1913

Le président Poincarré aux manoeuvres de 1913

Le général Foch aux grandes manœuvres avec des officiers supèrieurs russes

Foch avce des officiers russes

Joffre et Poincarré aux grandes manoeuvres:


Sources: L'infanterie en un volume, Manuel d'instruction militaire - Librairie Chapelot - 1914
Cours de tactique - Infanterie - Ecole militaire de l'artillerie - 1912