LA GENDARMERIE DANS LA GRANDE GUERRE
<= L'armée française de l'été 14
La gendarmerie a joué aux armées un rôle pénible, obscur et ingrat, mais nécessaire - Bulletin du Grand Quartier Général - 27 avril 1919
Dés
le début de la grande guerre les gendarmes départementaux
prennent part aux opérations en placardant sur les murs des
mairies les affiches de mobilisation et en organisant le départ
des mobilisés vers leurs point de rassemblement. À
l'intérieur les gendarmes doivent assurer le maintien de
l'ordre et la chasse aux déserteurs, aux armées des
missions de prévôtés. De nombreux gendarmes se sont
de plus enrolés comme volontaires dans les unités
combattantes. Si de nombreux poilus considéraient les gendarmes
comme des planqués, la réalité est nettement plus
nuancée: de nombreux prévôtaux ont partagés
l'inconfort et les risques des cagnas et des tranchées, et de
plus la grande majorité des gendarmes se sont battus dans les
rangs des régiments d'infanterie.
Gendarmes du service prévotal - 1914-1915: notez le port de casques modèle 1912 recouvert en campagne.

Gendarmes du service prévotal 1916-1918:

Service intérieur: À
l'intérieur les gendarmes doivent assurer le maintien
de l'ordre et la chasse aux déserteurs, même si le service
pâtit
d'effectifs insuffisants. Initialement les déserteurs sont peu
nombreux (1,5% en 1914), mais les défections et
désertions augmentent avec l'envoi au front des nouvelles
classes d'appelés. Passibles des travaux forcés ou de la
peine de mort, ces soldats en fuite n'ont souvent rien à perdre
et acquièrent vite la réputation d'hommes prêts
à tout plutôt que d'être pris. Mission
inavouable, parce qu'elle fait tache sur l'union sacrée, la
chasse aux déserteurs était dangereuse pour les gendarmes
dont plusieurs dizaines sont tombés sous le coup des
réfractaires (le plus souvent formés aux techniques
militaires).
En 1920 la gendarmerie publia le chiffre de 66678
arrestations de déserteurs pendant la guerre. À la fin
des hostilités aucune amnistie ne leur sera accordée et
beaucoup, ne pouvant revenir à la vie normale, deviendront des
bandits.
La prévôté: Service ingrat, mais nécessaire, ses missions sont multiples:
- police des cantonnements militaires
- lutte contre les abus de boissons
- lutte contre les actes de pillages, d'espionnage, de défaitisme
- contrôle de la circulation dans la zone des armées
- contrôle des civils présents dans la zone des armées
- transfert des prisonniers de guerre
Le rôle de la prévôté, peu
connu, a été cruciale, et le haut commandement lui a
toujours attaché beaucoup d'importance. Elle a joué un
rôle de premier plan dans le redressement de l'armée
française aprés les premiers revers. En 1916, lors de la
bataille de Verdun, les renforts et ravitaillements qui transitent par
la voie sacrée, régulée par la
prévôté, permettent d'obtenir la victoire. Sur les
18000 gendarmes du service prévôtal, 700 trouveront la
mort en service, 3500 seront cités avec attribution de la croix
de guerre.
Dans les unités combattantes: Si
le code militaire autorise en cas de guerre la gendarmerie (en dehors
des prévôtés) à se constituer en
unités combattantes, le gouvernement ne souhaite pas les envoyer
au front. Une autorisation gouvernementale permet cependant aux
gendarmes de se porter volontaires pour encadrer des réservistes
d'infanterie. Des milliers de gendarmes volontaires seront ainsi
versés dans l'infanterie. Toutefois à partir de 1916 le
haut commandement s'y oppose fermement car les effectifs de la
prévôté sont insuffisant. Ce n'est qu'en 1917,
aprés les pertes effroyables de l'offensive Nivelle, que la loi
Mourier autorise de nouveau les gendarmes à intégrer des
unités combattantes. Environ 5000 gendarmes seront
décorés de la croix de guerre.
Extrait du réglement militaire:
Sources: Album militaire
Gendarmerie - Une histoire, un avenir - Edition LBM, 2008