BREF HISTORIQUE DU FUSIL LEBEL

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Depuis 1883, une commisssion d'armement planchait sur le remplacement du fusil Gras 1874, remplaçant du chassepot 1866. L'armée expérimenta des dizaines de dispositifs permettant de transformer le fusil gras en arme à répétition, mais hésitait encore sur le choix d'une arme nouvelle. La marine, qui était resté au Chassepot, décide de passer directement au fusil à répétition, et son choix se tourne vers le Kropatschek autrichien en 1878. L'arme est fabriquée en Autriche, à Steyr. L'armée décide elle aussi de l'adopter, sous le nom de modèle 1884, qui sera fabriqué dans nos arsenaux.

Coupe du fusil de marine 1878:

Le modèle 1884 est ensuite modifié et perfectionné. La boite de culasse devient plus volumineuse et la monture est désormais en deux pièces. Ce nouveau modèle 1885,  toujours à poudre noire et utilisant la cartouche Gras de 11mm, est ensuite produit de 1885 à 1887.

Lorsque l'ingénieur Paul Vieille inventa la poudre sans fumée, dont l'intêret était évident, on songeait déjà depuis longtemps à la réduction du calibre. Les expérimentations avaient fait ressortir que le calibre 8mm tirant des balles à enveloppe en cuivre était supérieur aux autres, tant au niveau de la tension de la trajectoire que de la précision. Pour le mécanisme de répétition, on attendait beaucoup des fusils Remington-Lee ainsi que Mannlicher. 

En Janvier 1886, le nouveau ministre de la guerre, le général Boulanger, ne va pas passer inaperçu. Il demande que le nouveau fusil à répétition de petit calibre utilisant la poudre sans fumée soit prêt pour le premier mai. Dans l'urgence, les autorités militaires optèrent pour le fusil à répétition de la manufacture d'armes de Châtellerault. Il se présente comme le fusil modèle 1885, mais allégé et aménagé pour utiliser une nouvelle cartouche de petit calibre utilisant la poudre sans fumée, avec les perfectionnements proposés par les ingénieurs de l'armement. La cartouche de 8mm possède un étui bouteillé dont le corps est constitué de deux troncs de cônes afin de combiner le mécanisme à auget existant et le calibre réduit. Elle est chemisée avec un nouvel alliage de cuivre et de nickel, le maillechort:

Ce fut le fusil modèle 1886, dit Lebel, premier arme moderne, lequel combinait les avantages suivants:

  • mécanisme à répétition
  • poudre sans fumée, qui ne révèle pas la position des troupes par un épais nuage
  • réduction notable du calibre, permettant au combattant d'emporter plus de munitions dans un même volume
  • trajectoire plus tendue et meilleure précision
Présenté au ministre de la guerre, ses performances dépassaient tout ce qui a pu être réalisé jusqu'alors. Portée, précision, capacité de perforation sont exceptionnels. Aprés des essais en corps de troupe, le fusil est adopté en 1887, sous le nom de modèle86. Il sera surnommé Lebel, du nom du colonel Nicolas Lebel, officier commandant les expèrimentations au camps de Châlons.

Le fusil Lebel est alors mis en fabrication dans nos trois manufactures nationales (Saint-Etienne, Châtellerault, Tulle) avec le concours de l'industrie privée. L'objectif fixé est de 1000 armes fabriquées par jour, défi qui sera relevé. En six ans le parc industriel français va produire plus de trois millions de fusils lebels. La production est ensuite interrompue. Elle ne sera reprise qu'en août 1914, suite aux pertes élevées, et 1400 fusils lebels seront produits chaque mois, parallèlement à d'autres types plus simples et plus efficaces pour la guerre moderne. La fabrication cesse défcinitivement en mai 1920.

remarque: Comme beaucoup d'armes de cette époque, on a ménagé les anciens qui craignaient un gaspillage de munitions, en équipant le lebel d'un arrêt de répétition, qui neutralisait justement cette fonction. Le fusil fonctionnait alors comme une arme à un coup, les cartouches du magasin restant en réserve.

Modifications: Le lebel a subi de nombreuses modifications, tout au long de sa trés longue carrière. En 1893 On ajoute un tampon masque dont le but est de dévier une projection accidentelle de gaz en cas de perforation de l'amorce. 

En 1898 on adopta la balle D dont la trajectoire est plus tendue, et on modifie la hausse en conséquence. Les gradins de gauche sont conservés pour tirer la balle M, ceux de droites sont retaillés pour le tir de la balle D. Une nouvelle planchette est mise en service, son curseur est différent. les pistons anciens sont transformés car ils sont incompatibles avec l'usage de la balle D. 


Cette arme était robuste, fiable et précise mais pouvait avoir des enrayements si elle était mal utilisée. L'adoption du magasin tubulaire se révéla être désavantageuse au niveau de la vitesse de chargement. Avant la grande guerre on essaya plusieurs fusils pour remplacer le lebel, dont le Daudeteau, mais finalement la grande quantité de lebels fit qu'on conserva l'arme existante. Durant la grande guerre, on adopta un le fusil 07/15, extrapolation du mousqueton de cavalerie modèle 1892, se chargeant aussi rapidement que le mauser allemand, et tirant la même cartouche que le lebel.


Sources: L'infanterie en un volume, Manuel d'instruction militaire - Librairie Chapelot - 1914
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