LES ARMES DU SYSTEME BERTHIER

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Historique: L'ambition politique du général Boulanger alliée à sa méconnaissance des problèmes de l'armement ont été responsables de l'adoption beaucoup trop hative d'une arme démodée avant d'avoir vécue. Les prodiges techniques accomplis à cette occasion par le comité de l'artillerie l'ont été finalement au service d'une mauvaise cause, quelques soient par ailleurs les qualités du fusils Lebel. Mais le vin était tiré, il fallait le boire. Il ne restait plus qu'à équiper les cavaliers et artilleurs d'une carabine courte et légère tirant la même munition que le fusil d'infanterie, et qui ne devait être qu'une version raccourcie de celui-ci.

Dés 1886 la pointe du progrès était représenté par une arme à verrou et à magasin vertical de type Lee, pouvant recevoir des cartouches empaquetées dans des chargeurs inventés par l'autrichien von Mannlicher. Le chargeur était maintenu en place dans la boîte-magasin par un crochet arrêtoir, un système élévateur poussait les cartouches vers le haut, et quand le chargeur était vide, il tombait de son propre poids par une ouverture située sous la boîte-magasin. L'avantage de ces armes sur le système Kropatschek au point de vue de la rapidité de tir était énorme. 

C'est alors qu'un modeste chef de bureau des chemins de fer algériens de la compagnie de Bône-Guelma, M.Berthier, ayant le goût de la mécanique armurière, releva le défi. Il passa des nuits entières à esquisser sur sa planche à dessin un fusil Lebel à chargeur Mannlicher, tout en ayant l'intelligence de ne pas proposer une arme nouvelle, mais d'utiliser le maximum de pièces du fusil d'infanterie. Or même si le comité d'Artillerie n'aimait pas que des civils fassent des propositions, ils s'intéressa dessuite au projet de M.Berthier et émis un avis favorable pour la fabrication d'un prototype. La comparaison avec un fusil Lebel raccourci fit apparaître que celui-ci était d'une part trop lourd, et d'autre part trop lent. 

Le comité décida d'adopter tout de suite l'arme nouvelle avec quelques menues modifications sous le nom de carabine de cavalerie modèel 1890, tout en en reconnaissant la paternité à M.Berthier.

Prototypes d'essais des fusils Berthier - de haut en bas: fusil d'infanterie, mousqueton d'artillerie, carabine de cavalerie

Fusils d'essais Berthiers


Mécanisme: le magasin se trouve sous la boite de culasse, ce qui rend l'approvisionnement rapide et aisé.

Mécanisme de répétition:


Le mécanisme de détente et celui de répétition sont reliés pour former un tout solidaire que l'on appelle mécanisme. La partie avant contient le support élévateur et l'élévateur:

Mécanisme:

Support d'élévateur:

élévateur:

La partie arrière contient tout le système de détente:

Chargeur:



Les différentes armes du système Berthier: Cette famille d'armes a été particulièrement prolixe, et on s'avisa même, contrairement à l'usage général, de transformer les carabines Berthier en fusils d'infanterie. De fait dès 1916 ils commencèrent à remplacer les fusils Lebel pour l'armement de nos troupes. Ils régnèrent ensuite en maître de 1918 à 1937, et en 1940 ils équipaient encore la quasi totalité des troupes françaises. 

Carabine de cavalerie modèle 1890: le chargeur Berthier de 4 ou 5 coups a été réduit à 3, ce qui a permis la suppression des flasques de protections en tôle et l'utilisation d'une monture de bois d'une seule pièce. Un modèle de crosse avec forme spéciale était utilisée pour les cuirassiers pour qu'ils puissent épauler correctement avec leurs cuirasses. Ces carabines n'ont pas de baïonnettes. 

Calibre: 8mm Lebel
Longueur totale: 945mm

Longueur du canon: 453mm
Rayures: 4 au pas de 240mm, de droite à gauche
Poids de l'arme: 3kg
capacité du chargeur: 3 coups

Carabine de cavalerie Berthier

Carabine de cuirassiers

Carabine de gendarmerie modèle 1892: Aprés divers essais la gendarmerie adopta le même modèle de carabine que la cavalerie, mais avec un fût plus court pour permettre l'utilisation d'une baïonnette semblable à celle du fusil d'infanterie. Cette carabine est rapidement remplacée par le mousqueton d'artillerie qui reste en service jusqu'en 1921.

Mousqueton d'artillerie modèle 1892: son canon est plus grand que celui de la carabine de cavalerie. Il est utilisé avec le sabre baïonnette modèle 1892.

Calibre: 8mm Lebel
Longueur totale: mm
Longueur du canon: mm
Rayures: 4 à droite au pas de 240mm
Poids de l'arme: 3kg
capacité du chargeur: 3 coups

Mousqueton d'artillerie Berthier

Fusil modèle 1902 dit de tirailleurs indochinois: Il a été établi pour la petite stature des troupes indochinoises et recevait l'épée baïonnette modèle 1890 de la carabine de gendarmerie. 

Calibre: 8mm Lebel
Longueur totale: 1125mm

Longueur du canon: 663mm
Rayures: 4 à droite au pas de 240mm
Poids de l'arme: 3,6kg
capacité du chargeur: 3 coups

Fusil indochinois

Fusil modèle 1907 dit colonial: Mousqueton allongé à la longueur du fusil Lebel, il était particulièrement destiné aux troupes africaines qui avaient des difficultès pour réapprovisionner le fusil Lebel en raison de son mécanisme relativement compliqué. Il recevait l'épée baïonnette modèle 1890 de la carabine de gendarmerie. 

Calibre: 8mm Lebel
Longueur totale: 1306mm

Longueur du canon: 803mm
Rayures: 4 à droite au pas de 240mm
Poids de l'arme: 3,8kg
capacité du chargeur: 3 coups

Fusil colonial modèle 1907

Fusil 07-15: Il s'agit du fusil colonial adopté en 1915 avec quelques modifications comme nouveau fusil reglementaire. Les français comme les allemands restèrent fidèles à une longeur excessive du fusil d'infanterie, au prétexte aberrant qu'il permettait le tir sur deux rangs tel qu'il était spécifié dans les plus anciens réglements. En 1916 on adopta un chargeur Mannlicher contenant 5 cartouches, et on adapta devant le pontet une boîte magasin en tôle noire fermée à sa partie inférieure par un couvercle que l'on peut ouvrir par pivotement pour expulser le chargeur.


Sources: Gazette des armes n°19 août-septembre 1974