LE SERVICE MILITAIRE UNIVERSEL
Que pour tout le monde il soit entendu que quand en France un citoyen est né, il est né soldat - Léon Gambetta - 26 juin 1871
L'armée est la grande patronne qui nous baptise tous français - Paul Déroulède
La conscription universelle et égalitaire mettra cependant trente ans à se mettre en place. La loi du 28 juillet 1872 conserve l'appel par tirage au sort; les bons numéros effectuent un an de service, les mauvais numèros cinq. Le système de remplacement est supprimé, en principe toute personne doit effectuer son service militaire, mais on doit noter de nombreux cas de non-accomplissement du service: les dispensés (orphelins, soutiens de famille) sont encore mobilisables, alors que les exemptés (enseignants et religieux) ne le sont pas.
Les lois suivantes sont des aménagement visant à rendre le service militaire plus universel. C'était de plus une nécéssité, car il fallait créer les infrastructures pour accueillir des classes plus nombreuses.
La loi du 15 juillet 1889 raméne le temps sous les drapeaux à trois ans, en supprimant les exemptions pour les écclésiastiques et les enseignants qui sont désormais tenus à un an de service (loi des "curés sac au dos"). La loi de 1895 va imposer un service d'un an aux dispensés pour raisons familiales. Enfin la loi du 21 mars 1905 établit le service universel et égalitaire pour tous d'une durée de deux ans. Le tirage au sort est enfin supprimé. La loi du 19 juillet 1913 rétablit le service de trois ans pour des questions de rééquilibrage avec l'armée allemande, qui vient d'augmenter sensiblement ses effectifs. Cette loi voit cependant le jour sous des débats houleux.
Aprés cet événement solennel (une étape dans la vie de chaque français), les conscrits (les classards) se regroupent autour d'un drapeau et se livrent ensuite à une fête animée, rituel respecté un peu partout. Le lendemain les conscrits se rendent avec tambours et clairons au cimetière ou au monument de 1870, afin d'honorer les héros de la guerre précédente, et y déposeront un drapeau qui restera en place jusqu'à ce que la classe suivante renouvelle le geste. Le dimanche d'aprés est organisé un bal où les jeunes filles de la classes sont invitées et même tenues de se rendre.
Au mois de septembre suivant les conscrits reçoivent leur feuille de route, et se rendent à leur régiment en octobre. Ils font alors leur classes (école du soldat, durant trois mois, elle dure six mois pour les cavaliers), puis celles-ci terminées les conscrits sont alors présentés au drapeau. Les bleus entrent alors pleinement dans la vie de militaire, dans les unités de combat ou de services.
Vie collective, l'essentiel se passe dans la caserne, avec chambrées, paquetage, armes au rateliers etc. L'hygiène est rigoureusement préchée et pratiquée. Le dimanche les conscrits bénéficient d'une permission de sortie en ville. L'armée étant de toute les cérémonies (prises d'armes, honneurs au drapeau, etc.), les conscrits y participent largement, notamment le 14 juillet, fête nationale depuis 1880. Le printemps est le temps des grandes marches, sacs au dos et armes à la bretelle. En septembre ont lieux les grandes manoeuvres.
Au bout d'un an ils deviennent des anciens, et vont accueillir les bleus de la classe suivante. Encore un an, le conscrit rentre dans ses foyers, devenu un homme, et apportant le fameux certificat de bonne conduite prouvant à tous que le passage sous les drapeaux s'est bien déroulé. La plupart se font tirer le portrait en uniforme, souvenir inoubliable de leurs années de régiment.
Revenu à la vie civile, il devra effectuer des périodes d'instructions de réserve (deux pour l'armée d'active, une pour la territoriale), avant d'être définitivement libéré de ses obligations militaires, vers 48 ans.
Musiciens se préparant pour un concert:
Parade de garde: